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 Ballard et le monde

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oll
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MessageSujet: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 15:09

Le Monde des livres vient de publier un article sur les deux derniers publiés en France de J G Ballard, auteur britannique dont l'oeuvre la plus connue est Crash !, si je ne m'abuse. Je ne crois pas me tromper en pensant qu'il fera réagir certain(e)s d'entre vous, alors je vous le jette en pâture.

Le Monde des livres a écrit:
Nouvelles complètes et Sauvagerie, de J. G. Ballard : l'apocalypse à visage humain
LE MONDE DES LIVRES | 13.11.08 | 11h42

Oui ou non, J. G. Ballard écrit-il de la science-fiction ? Avant de devenir l'un des romanciers d'anticipation les plus géniaux du XXe siècle, l'écrivain britannique s'était largement fait la main dans les magazines de science-fiction des années 1950 et 1960. C'est là que se sont développés, comme au coeur d'une serre géante, les thèmes et la manière de cet auteur si singulier, dont les rapports avec le genre furent toujours ambigus.

Mais la question n'a d'importance que pour les amateurs inconditionnels (ceux-là se plaignaient, à l'époque, auprès des directeurs de revue que les nouvelles du dénommé Ballard ne relevaient pas de leur registre favori) ou pour ses ennemis déclarés. Et encore. Car au fond, ces distinguos sont secondaires. Fuyant les chapelles et leurs dogmes, ce curieux Britannique, né à Shanghaï en 1930, est avant tout un très grand écrivain, qui a largement inspiré ses contemporains : libre, imaginatif, pessimiste mais plein d'humour et lyrique, à sa manière.

En regroupant l'ensemble des nouvelles publiées dans diverses revues durant la période 1956- 1962, les éditions Tristram offrent une vision d'ensemble de ces textes dont beaucoup n'étaient plus accessibles et quelques-uns sont inédits. On y retrouve cette façon si particulière de déplacer les schémas habituels de la science-fiction vers une observation critique du monde moderne. Tout se passe comme si Ballard poussait jusqu'au bout des logiques de civilisation dont l'incubation, dans les éprouvettes de son imagination, produisait des fleurs effrayantes. Pas de Martiens, chez lui, pas de monstres à trois têtes et même pas de vaisseaux du futur, ou alors juste en passant. Les vrais monstres sont des hommes tout à fait ordinaires - ou plutôt leur propension à mettre en oeuvre un progrès destiné à se retourner contre eux.

Au lieu de s'évertuer à concevoir des engins délirants, Ballard s'est donc intéressé à la plus perfectionnée des machines, c'est-à-dire le cerveau humain. Que peut cette mécanique extraordinaire et que peut-on sur elle ? Là où la science-fiction classique consacre beaucoup d'énergie à inventer un espace physique, Ballard accorde une importance particulière au psychisme, comme le montre d'ailleurs son usage abondant de la première personne. La question n'est pas tant de suggérer un Big Brother affamé de pouvoir, mais de dessiner des situations frontières, où l'individu se trouve menacé de perdre le contrôle de son propre raisonnement.

L'être humain peut être instrumentalisé au profit d'un intérêt particulier, comme dans la nouvelle inédite intitulée "L'Homme au 99e étage" (où l'on voit poindre le thème de la tour, qui reparaîtra plus tard dans I.G.H., l'un des romans les plus saisissants de Ballard) ou encore être victime de lui-même et de ses facultés d'autosuggestion, comme dans la nouvelle "Les Terrains d'attente". A moins qu'il ne soit rattrapé par une modification dramatique de son environnement - c'est le cas dans le célèbre roman La Forêt de cristal (1), où l'on voit la jungle du Cameroun se minéraliser peu à peu - et par la manipulation de la matière et des ondes, comme dans la nouvelle "Le Sourire de Vénus" : pour se venger du mauvais accueil fait à sa "sculpture sonique", l'artiste Lorraine Drexel la dote de pouvoirs destructeurs incontrôlables.

Toujours, l'homme se débat dans un univers qui se referme sur lui, l'enserre et l'étreint. On ne peut s'empêcher de penser à ce dont souffrit Ballard lui-même, qui fut enfermé dans un camp par les Japonais, après l'attaque sur Pearl Harbor. Emprisonné avec sa famille durant une grande partie de son adolescence, il a fait l'expérience de la claustration, de la promiscuité, de la contrainte. C'est donc avec une ironie toute particulière qu'il retourne cette épreuve, en pointant des lieux où les humains se font captifs volontaires. Dans Sauvagerie, court roman paru en 1988 et aujourd'hui retraduit, ce sont les quartiers résidentiels clos et ultrasécurisés qui deviennent le siège d'un terrible cauchemar - de ceux que seul peuvent engendrer le génie destructeur des humains et celui, très mordant, d'un écrivain de talent.

NOUVELLES COMPLÈTES 1956-1962 de J. G. Ballard. Edition établie sous la direction de Bernard Sigaud. Tristram, 700 p., 29 €.

SAUVAGERIE (RUNNING WILD) de J. G. Ballard. Traduit de l'anglais par Robert Louit. Tristram, 120 p., 13 €.

(1) Nouvelle traduction de Michel Page, Denoël, "Lunes d'encre", 240 p., 18 €.

Raphaëlle Rérolle
Article paru dans l'édition du 14.11.08
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poussin

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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 16:14

Vous me croyez si je vous dis que ça fait une peu plus d'une heure que je suis là-dessus ? et qu'avec Internet qui plante ou Firefox qui foire et ben je dois en être à cinq essais de réponse ?

Bon, reprenons :


oll a écrit:
Le Monde des livres vient de publier un article sur les deux derniers publiés en France de J G Ballard, auteur britannique dont l'oeuvre la plus connue est Crash !, si je ne m'abuse. Je ne crois pas me tromper en pensant qu'il fera réagir certain(e)s d'entre vous, alors je vous le jette en pâture.

Banzaï !

Le Monde des livres a écrit:
Oui ou non, J. G. Ballard écrit-il de la science-fiction ?
Monsieur le journaliste, sachez que tout le monde s'en branle. Monsieur Ballard est reconnu en Angletrre comme un grand écrivain. Pas un grand écrivain de science-fiction, mais un grand écrivain tout court. On pouvait largement, surtout si on y connait rien en science fiction, se passer d'une espèce de comparatif entre son oeuvre et le genre, ou plutôt l'idée qu'on se fait du genre. Quand à savoir s'il écrit de la science-fiction, de l'anticipation ou du "présent visionnaire", à peu près tout le monde s'en branle, sauf les chroniqueurs/journalistes.

Citation :
On y retrouve cette façon si particulière de déplacer les schémas habituels de la science-fiction vers une observation critique du monde moderne. Tout se passe comme si Ballard poussait jusqu'au bout des logiques de civilisation dont l'incubation, dans les éprouvettes de son imagination, produisait des fleurs effrayantes. Pas de Martiens, chez lui, pas de monstres à trois têtes et même pas de vaisseaux du futur, ou alors juste en passant. Les vrais monstres sont des hommes tout à fait ordinaires - ou plutôt leur propension à mettre en oeuvre un progrès destiné à se retourner contre eux.

Alors, très honnêtement, je n'arrive pas trop à comprendre la première phrase : est-ce que le chroniqueur dit que Ballard déplace les schémas de la science-fiction vers une critique du monde moderne ? et dans ce cas c'est quand même franchement une belle boulette parce que c'est exactement le schéma habituel de la science-fiction que de poser une observation critique du monde moderne. Il y a toute une branche de la SF (qu'on doit appeler SF prospective, je crois, je suis pas fortiche dans les sous-étiquettes, y'a un degré où ça ne m'intéresse plus) qui justement pose systématiquement la question : et qu'est-ce qui se passe si on va plus loin ? si on pousse la logique/la tendance de nos sociétés jusqu'au bout ?

Citation :
Au lieu de s'évertuer à concevoir des engins délirants, Ballard s'est donc intéressé à la plus perfectionnée des machines, c'est-à-dire le cerveau humain. Que peut cette mécanique extraordinaire et que peut-on sur elle ? Là où la science-fiction classique consacre beaucoup d'énergie à inventer un espace physique, Ballard accorde une importance particulière au psychisme, comme le montre d'ailleurs son usage abondant de la première personne. La question n'est pas tant de suggérer un Big Brother affamé de pouvoir, mais de dessiner des situations frontières, où l'individu se trouve menacé de perdre le contrôle de son propre raisonnement.

Hum. Oui. J'adore ces comparaisons à la con. Philipp K. Dick, par exemple, qui est quand même maintenant un auteur classique en SF, ne se penchait que sur la question du "cerveau". Qu'est-ce que nous différencierait, nous, humains, d'androïdes qui reproduiraient parfaitement nos réactions ? Qu'est-ce qui me prouve que ce que je perçois est la réalité ? Dans quel monde vit un autiste ?
Plus récemment, Axiomatique, un recueil de nouvelles de Greg Egan, pose encore des questions similaires : si j'ai la possibilité de connaître parfaitement la personne avec qui je vis qu'est-ce qui se passe ? Si on me mets un cristal dans la tête qui enregistre toutes mes actions et pensées, qui suis-je ? moi-même ou le cristal ?
Par ailleurs, consacrer "beaucoup d'énergie à créer un espace physique", ça veut dire quoi ? Inventer une planète ?


J'arrête, ça sert à rien.
Mais quand même, Schnouff, quand on parle de ségrégation, pour moi cet article c'en est.
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poussin

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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 16:18

Sinon, "Sauvagerie" c'est méga-bon.
C'est une novella, donc beaucoup plus court qu'un roman. Ce qui permet de prendre un plaisir de lecture immédiat. Je m'explique : dans l'ensemble, je suis assez mitigée sur Ballard. Je ne prend pas de plaisir à le lire, mais à l'avoir lu. A la lecture je m'ennuie, le style est très froid, très statique (énormément de descriptions, mais pas d'explications), souvent je ne comprends pas pourquoi les personnages agissent ni ce qui les motive. Et pourtant, ses romans comme ses nouvelles m'ont marquée, m'ont laissée une empreinte particulière. Des images, des idées, des pistes de réflexion.
Par contre, sur Sauvagerie, j'ai aussi pris du plaisir immédiat.

deux avis que je partage : un truc écrit et un truc parlé
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oll
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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 18:36

Le Monde des livres a écrit:
On y retrouve cette façon si particulière de déplacer les schémas habituels de la science-fiction vers une observation critique du monde moderne.
Je viens apporter ma pierre à la lapidation publique. Oui, Poussin, la journaliste suggère ici que l'objet de la SF n'est justement pas l'observation critique du monde moderne. Il faut croire que pour Mme Raphaëlle Rérolle, ainsi d'ailleurs qu'elle l'affirme plus haut, la science-fiction se limite aux filles à poil et aux fusées qu'on voit sur les couvertures des livres. Les couvertures de livres de SF qui feraient d'ailleurs un bon sujet, mais je ne voudrais pas empiéter sur Poussin ! Enfin bref, sa vision de la SF se limitant à l'image donné par les couvertures, que cela signifie-t-il ?

Attention, grande révélation absolue :
Spoiler:

Je vous avais dit, c'est du lourd.


Dernière édition par oll le Sam 15 Nov - 19:14, édité 3 fois
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poussin

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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 19:06

tiens, d'où tu tiens ce spoiler ?
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oll
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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 19:13

De ton... euh, c'est dans la barre d'outils.
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poussin

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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 19:20

et si j'avais dit tu la tiens d'où ta citation, tu m'aurais expliqué comment on met des guillemets ?

...ma question porte sur le CONTENU du spoiler, oll. ça ressemble à une citation (d'ailleurs je comprends pas trop pourquoi c'est mis en spoiler, tu racontes pas la fin du film là) et je me demandais qui tu citais, d'où tu tirais ce propos...
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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 19:25

C'est pas une citation, mais je m'y connais un peu en journalistes incompétents. C'est en spoiler parce que c'est une terrible révélation apocalyptique. C'est même un peu la fin du film, en quelque sorte. Tout le monde ne veut pas être mis au courant de la fin de monde.
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Schnouf





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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 21:34

Citation :
On y retrouve cette façon si particulière de déplacer les schémas habituels de la science-fiction vers une observation critique du monde moderne.
Je vais tout à fait dans le même sens que Poussin : on est là au coeur de la définition de la SF que la journaliste semble découvrir.
Voilà vraiment la forme même de l'article pseudo-élogieux, du cadeau empoisonné : un "grand" quotidien - de moins en moins lu et on comprend aisément pourquoi en lisant ce type d'article - prétend rendre hommage à un grand écrivain et en profite pour rabaisser au rang de sous-littérature niaise voire débile le genre dans lequel ce même auteur s'inscrit. Tout cela en soulignant simplement qu'à la différence de ses pauvres collègues obsédés par les planètes étranges et les vilains monstres, lui a réussi à écrire quelque chose d'intelligent... Je lis très peu de SF mais je retrouve dans cet article tous les topos qu'on peut lire à propos de la littérature policière : "Fred Vargas arrive à écrire des romans policiers bien, elle" etc. Ils veulent du pain, donnons de la brioche à quelques uns !

Remarque pour Oll : petite réflexion faite, cette dernière phrase renvoie surtout à Marie-Antoinette qui, lors d'une manifestation du peuple parisien affamé à Versailles, aurait dit : "ils n'ont plus de pain ? Qu'ils mangent de la brioche". Une rumeur qui a contribué à l'impopularité de l'Autrichienne qu'on est tenté de réhabiliter aujourd'hui : la pauvre petite perdue à Versailles a effectivement eu une vie de souffrances et d'inquiétudes.
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oll
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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 22:09

Schnouf a écrit:
Voilà vraiment la forme même de l'article pseudo-élogieux, du cadeau empoisonné

Tout à fait, ça me rappelle "c'est pas de la bd, c'est du roman graphique"pour je ne sais plus quel ouvrage... sauf que cette fois-ci, c'est l'éditeur lui-même qui s'en défend.

Pour la citation : ah, ouais, c'est vrai, c'est elle, pas Thiers... je crois que je ne retrouverai jamais sa citation à lui.
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poussin

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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 22:48

c'est rigolo, on s'enflamme (enfin je m'enflamme) ici alors que j'ai lancé le sujet sur un forum de SF (élitiste) et ben j'ai juste obtenu un haussement d'épaules et un "t'inquiète gamine, on a vu pire et moins défendable".


Ces mecs-là sont de vrais durs.
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Schnouf





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MessageSujet: légitime sanction   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 23:04

Poussin a cité
Citation :
t'inquiète gamine, on a vu pire et moins défendable"
c'est sûr qu'on a connu plus violent et vilain dans l'histoire du mépris. Mais nous on est des petits jeunes et pis, ça fait toujours du bien de bouffer du journaliste surtout quand il écrit dans un quotidien vespéral appartenant à 17% au milliardaire le plus bête de France. Je propose donc, en ma qualité de procureur du tribunal populaire, non pas le bûcher mais uniquement une séance de lapidation de 5 minutes à coup d'ouvrages de de BHL.
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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptySam 15 Nov - 23:07

ouch !
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MessageSujet: Re: Ballard et le monde   Ballard et le monde EmptyLun 20 Avr - 16:24

James Graham Ballard n'est plus ! Maudit cancer de la prostate...
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