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 La prostitution, un métier comme un autre ? A propos de cliente de Josiane Balasko

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2 participants
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Schnouf





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MessageSujet: La prostitution, un métier comme un autre ? A propos de cliente de Josiane Balasko   La prostitution, un métier comme un autre ? A propos de cliente de Josiane Balasko EmptyDim 28 Sep - 15:39


Lundi dernier, je suis plutôt content à l’idée de regarder à nouveau l’une des seules émissions TV digne d’intérêt : « Ce soir… ou jamais » animée par Frédéric Taddei… J’adore son générique bobo et n’avait-on pu l’an passé y entendre des intellectuels habituellement rétifs aux débats télévisuels (Daniel Bensaid, Martine Bulard etc.) ?
Et là, première déception : deux des cinq invités sont Nathalie Baye et Josiane Balasko, conviées à prendre part à un débat consacré à la prostitution. Au bout de trois secondes, on comprend que Balasko sort justement début octobre un film ayant trait à la prostitution masculine, Cliente… Tout ça sent bel et bien la vieille promo à la Durand/Pivot alors que Taddei avait à maintes reprises revendiqué que le principe même de son émission était l’absence de promotions –c’est-à-dire inviter des personnes uniquement dans le cadre du débat et non pour évoquer leur dernière publication- ainsi que l’absence de maîtres à penser que sont les chroniqueurs…
Un peu déçu, je m’efforce de me dire que nul n’est parfait, que « Ce soir… ou jamais » n’est pas Là pas si j’y suis. Je m’oblige à dépasser mon côté borné qui-boycotte-les-médias-qui-mentent…
Synopsis du film par Taddei :
Citation :
« Une femme ayant dépassé le cap de la cinquantaine, aisée, encore séduisante [car la femme aisée est toujours séduisante, n’est-ce pas ?] et qui s’épanouit en ayant des relations sexuelles tarifées avec des hommes plus jeunes qu’elle »…
D’entrée de jeu, cette définition de la prostitution ne me plaît pas du tout : la prostitution, ce n’est pas seulement des « relations sexuelles tarifées », c’est la quintessence même de l’exploitation de l’homme par l’homme, c’est obtenir par le fric d’une personne ce qu’elle a de plus intime… Comme toujours, lorsqu’on s’intéresse au sujet, on prend deux ou trucs cruches qui vont nous dire qu’elles sont heureuses de faire ce boulot (c’est le même phénomène avec certaines actrices pornographiques qui sont convaincues de servir la « libération de la femme »)… Pourtant, quand on s’intéresse aux circonstances qui poussent un être humain à vendre son corps dans ce qu’il a de plus intime, on constate toujours derrière la pauvreté la plus complète, la misère, l’abandon, le désespoir.

Bref, je reste devant ma tv 36 centimètres en me disant qu’elle encombre inutilement le quart de mon bureau/table à manger. Résultat des cinq minutes de calvaire télévisuel : des propos vraiment débiles ont été tenus sur la prostitution, notamment de la part de « l’actrice-réalisatrice », Nathalie Baye se contentant de répéter que « le film de Josiane était formidable, et il traite d’un sujet qui me touche […] Le film traite d’un sujet de société tout à fait actuel ».
Florilège :
Citation :
- Balasko : « si la prostitution n’intéressait que les personnes qui se prostituent, si elles étaient libres, si il n’y avait pas de macrotage, de trafic de chaire humaine, si y avait pas tout ça, moi je pense qu’on est libre de faire ce qu’on veut avec son corps. Moi, en tant qu’actrice, je vends mon corps […] donc quelque part je me vends moi-même
- Taddei : « Un peu comme un footballeur, qui vend ses jambes… »
- Balasko : « Donc à partir du moment où quelqu’un qui est libre, qui est majeur, qui n’est pas forcé, qui n’est pas contraint, qui gagne l’argent qu’il va recevoir de son travail, n’est pas exploité par un trafic, par des mafias, par un système, pourquoi pas ? »
[…]
- Taddei : vous voyez bien qu’il y a un côté avilissant, à la fois pour la cliente et pour le prostitué ? »
- Balasko : « non, sincèrement, je vois pas. Moi, je vois pas ce qu’il y a d’avilissant à faire un échange ».
- Taddei : « rien d’humiliant, de salissant ? »
- Balasko : «non, on pourrait très bien le faire sans argent, par exemple dans les boites où on se rencontre, ou dans les milieux échangistes, tout ça. Il y a un échange d’argent, c’est pour mettre des limites. C’est vraiment pour mettre des limites, mettre des limites à la relation. La relation se passe sur tel terrain et elle va pas dégénérer. Le type que je vais rencontrer ne va pas venir me harceler au téléphone, il risque pas si ça se passe mal de m’emmerder. Je crois que c’est de part et d’autre une protection, voilà. »
Voilà, oui : Balasko peut rejoindre la liste des individus à pendre et son film Cliente peut aisément venir allonger la liste du film-du-mois-qu’on-peut- ne-pas-voir…
L’argument faussement candide du « on est libre de » est vraiment caduc aujourd’hui : en réfléchissant quelque instant, on en arrive rapidement à conclure qu’on est jamais libre… une/un prostitué « indépendant » qui vend son corps parce qu’il ne peut plus payer ses dettes ou nourrir ses gosses est-il libre ? Un junkie qui se prostitue pour s’acheter sa came est-il libre ?
Remarquons au passage que Balasko en arrive, par ses propos, à contredire ce qu’elle peint dans son propre film : l’escort-boy qui divertit Nathalie Baye le fait en effet par amour pour sa femme qui s’est lourdement endettée en ouvrant un salon de coiffure. Le couple est d’ailleurs contraint de vivre chez les parents de l’épouse, n’ayant pas les moyens de payer un loyer…
L'autre argument récurrent qui vise à expliquer que "notre société est de plus en plus coincée, il y a un vrai tabou autour de la prostitution qui a toujours existé" me fait doucement rire : il ne peut-être prononcé que par ceux qui sont bien pépères et dont personne dans l'entourage n'a jamais été concerné par ce fléau. De plus, est-ce parce qu'un phénomène est ancien qu'il en est légitime pour autant ? La peine capitale a existé dans des sociétés différentes à toutes les époques et on déduit pas pour autant qu'elle constitue un phénomène "naturel" ou nécessaire.
Bref, pour tout ceux que la question de la prostitution intéresse, je vous conseille très vivement un excellent dossier écrit par Mona Chollet, journaliste au monde diplomatique, sur son site « Périphéries » : elle fait vraiment le tour de tous les arguments, idées reçues etc. Et démontre Brillamment comme la prostitution est le paroxysme de la marchandisation et de l'aliénation.

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oll
Admin
oll



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MessageSujet: Re: La prostitution, un métier comme un autre ? A propos de cliente de Josiane Balasko   La prostitution, un métier comme un autre ? A propos de cliente de Josiane Balasko EmptyDim 28 Sep - 16:22

Nous vivons dans un monde où les clichés sont marchandables. Quoi de plus racoleur qu'une idée faussement libertine, faussement provocatrice ou subversive, surtout si elle a trait à la sexualité ? Ce n'est pas une idée mais une connerie vendeuse, dont le support est un produit culturel. Après on s'étonne de l'abêtissement des masses... Cela me surprend un peu de Balasko. Les grandes gueules ne sont décidément plus ce qu'elles étaient.
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