L'Aurore (ciné-concert)

Zag ! ce week-end, c'était les Accroche-coeurs à Angers, un festival de spectacles de rue. Mais pas que. Puisqu'il y avait aussi des ciné-concerts, dont L'Aurore de Friedrish Wilhelm Murnau (1927), accompagné à la guitare électrique par Olivier Mellano. Olivier Mellano, le mec qui joue de la guitare électrique dans Richard III, dont on a parlé ici.

Rien que ça, en fait ça vaut le jus. J'avoue que je n'y allais pas pour le film mais pour la musique.
Moi les vieux films... bof. Je les trouve intéressants, mais ça a du mal à me toucher au ventre. Ca ne me résonne pas en dedans. Souvent.

Mais là, ô découverte, c'est que le film est génial ! A se dire que les réalisateurs d'aujourd'hui, avec la débauche de moyens techniques qu'ils ont, n'ont rien inventé. Des plans très composés, des effets spéciaux (jeux sur les images, les superpositions) étrangement modernes, un jeu d'acteurs particulièrement réussi (tous les mecs qui ont dû jouer des zombis par la suite ont copié sur l'acteur principal, y'a pas moyen...).

L'histoire est courte en elle-même, et pas très originale : un homme s'apprête à tuer sa femme pour pouvoir aller vivre avec son amante. Rien de fou-fou. Et pourtant, c'est un très chouette film, des scènes et des personnages particulièrement émouvants, et puis plein de petites scènes secondaires très drôles un peu à la manière de Chaplin (personnages au physique particulier, répétition de gestes mécaniques...).

Un très beau film en noir et blanc, donc, accompagné par un musique prenante, moderne, grinçante et déchirante... et sautillante quand il le faut.
Chouette moment.

Ah très beau/bon film que L'Aurore de Murnau. Film de la seconde partie de sa carrière de réalisateur : la partie américaine.
Exercice difficile que celui du ciné concert : trouver le juste rapport entre le film et la partition. Il faut savoir laisser respirer le film et non pas faire comme c'est la tendance sur les films muets (en tous cas pour les éditions en vidéo) de faire de la musique au kilomètre.

J'ai eu l'occasion à quelques années d'intervalle de voir le même film et deux dans le cadre d'un ciné-concert. Il s'agissait de The Wind (Le Vent) de Victor Sjöström. La première fois c'était génial : la musique était assurée par un percussionniste qui gérait plusieurs instruments en même temps plus certaines parties pré-enregistrées. Mis à part la "performance" du musicien il y avait vraiment un échange entre la partition et le film. Lors du second ciné-concert il s'agissait d'une formation jazz (je sais plus si c'était un quatuor ou un quintet) et qui selon moi n'avait pas réussit à laisser, dans leur partition, de la place pour le film.

Moi j'ai eu de la chance : tous les ciné-concerts que j'ai pu voir étaient super. Mais le meilleur d'entre eux était largement celui-ci. Comme tu dis : le film était très beau et la musique lui laissait la part grande. D'ailleurs, à peine éclairé, le musicien tournait complètement le dos au public, il était certainement autant immergé que nous dans les images. Et puis la guitare électrique, avec toutes les variations qu'elle permet, se suffisait largement. Elle mettait même en valeur tout le "modernisme" qu'on a pu trouver dans les images. Et le fait que ce soit en plein air... très chouette.

Bah Olivier Melano (le guitariste - si c'est bien lui dont on parle) sera au Théâtre Auditorium de Poitiers pour un ciné-concert sur Duel de Spielberg. Co prod Confort Moderne et scène nationale.

Oui oui, on parle bien de lui. Duel, j'y serais allé si j'étais à Poitiers. Mais ce que je recommande, surtout, si vous voulez voir Olivier Mellano vous décoiffer, allez voir Richard III !

oll a écrit:

D'ailleurs, à peine éclairé, le musicien tournait complètement le dos au public, il était certainement autant immergé que nous dans les images.

autant dire que dès le départ, la midinette en moi a été déçue. D'Olivier Mellano, nous n'avons rien vu. D'ailleurs, au bout d'un moment on se souvient à peine que le mec qui fait la musique est sur place. Il n'y a plus que le film.
J'imagine que ça rentre dans la catégorie "bon ciné-concert". Je ne crois pas en avoir vu d'autres...

... à part un BD-concert à Poitiers. Qui avait été assez bluffant dans son genre : balancer des images de BD avec un orchestre sous le coude... et zou ! on est presqu'au cinéma ! On oublie complètement que les images ne bougent pas, que les dialogues ne résonnent que dans notre tête puisque nous les lisons, et que la musique vient d'ailleurs. Le mélange avait bien pris. Sauf que je ne me souviens plus ni du nom de la BD, ou de son auteur, ni du nom du groupe. Un truc jazzy, un peu swing...

Tiens, hop, je saute et virevolte du coq à l'âne et de l'âne coq, dans le genre montage d'images-qui-ne-bougent-pas, je ne saurais que trop vous conseiller La jetée : un court (ou moyen ? tomciné, help) métrage de quelque 20min fait d'un montage de photos couleur sépia avec une voix off. C'est hyper bien fichu, comme précédemment, on oublie complètement que ça ne bouge pas, et le récit est lui-même très chouette. D'ailleurs vous le connaissez sans doute, il a inspiré l'Armée des douze singes (qui perd beaucoup de son intérêt quand on a vu La jeté).
Pour ceux qui ne connaissent pas : suite à une catastrophe, les hommes sont obligés de se réfugier sous terre (je crois) dans des abris. Des savants réussissent à mettre au point un genre de voyage dans le temps. Un mec est désigné pour retourner dans le temps et empêcher que la catastrophe ne se produise. En gros.

Ah ! Le cas de La Jetée de Chris Marker. Film pour partie inspiré de Vertigo d'Hitchcock : d'où la scène dans la salle de cinéma dans le film de Terry Giliam.
De par son format, 20 minutes, La Jetée peut être rangé dans la catégorie court métrage mais cependant (je viens de vérifier à l'instant) le générique annonce :
"La Jetée un photo roman de Chris Marker".
Par ailleurs le film n'est pas entièrement en image fixes.

J'ai trouvé ça... pas encore vu mais je me jetetrai dessus quand j'aurai internet à la maison.

tomcine a écrit:

Ah ! Le cas de La Jetée de Chris Marker. Film pour partie inspiré de Vertigo d'Hitchcock : d'où la scène dans la salle de cinéma dans le film de Terry Giliam.
De par son format, 20 minutes, La Jetée peut être rangé dans la catégorie court métrage mais cependant (je viens de vérifier à l'instant) le générique annonce :
"La Jetée un photo roman de Chris Marker".
Par ailleurs le film n'est pas entièrement en image fixes.

comme quoi ça vaut le coup d'avoir un spécialiste sous le coude...
je pensais que c'était que des photos (en même temps je l'ai vu il y a quelques années déjà) et j'aurais jamais fait le rapprochement avec Vertigo... à part l'idée de spirale, peut-être...

Bon en même temps pour les images "mouvantes" je chipote car ce n'est à peine que quelques secondes.

à oll : ouais bon, moi aussi je chipote mais c'est un peu dommage de regarder un bon truc comme ça avec une qualité d'image toute pourrie et un environnement daylimotion. mais je suis peut-être un peu ringarde.

à tomcine : c'est important de chipoter. et j'aime bien me coucher moins con d'un soir sur l'autre. tiens ça me donne envie de revoir le truc pour voir où ça bouge. sinon, si tu peux me faire un cours magistral sur le rapprochement avec Vertigo, je prends.