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 le temps qu'il reste

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2 participants
AuteurMessage
poussin

poussin



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MessageSujet: le temps qu'il reste   le temps qu'il reste EmptyMer 19 Aoû - 23:45

"Un film en partie autobiographique, construit en quatre épisodes marquants de la vie d'une famille, ma famille, de 1948 au temps présent. [...] Mêlant mes souvenirs intimes d'eux et avec eux, le film dresse le portrait de la vie quotidienne de ces Palestiniens qui sont restés sur leurs terres natales et ont été étiquetés Arabes-Israëliens, vivant comme une minorité dans leur propre pays". Elia Suleiman

On suit donc la prise de Nazareth par les Israëliens, quand le père d'Elia était un jeune résistant.
Les années 1970, la mère qui écrit des lettres à la famille qui a été obligée de quitter le pays, le quotidien de la famille d'Elia (entre le voisin qui pète un plomb et s'asperge d'essence tous les quatre matins, la chorale hébraïque de l'école, les pêches nocturnes du père, les lentilles pas bonnes de la tante...)
Et puis son adolescence, très rapidement. Dénoncé, il doit quitter le pays.
Il y revient, homme mûr.

C'est l'histoire d'un pays plus que d'une famille. C'est une succession de scènes marquantes, de celles qui laissent une trace dans la mémoire (surtout celle d'un enfant). Elia Suleiman ne nous donne pas de clefs : plans fixes, peu de dialogues, peu de musique, des scènes qui sont sensées parler d'elles-mêmes mais paraissent souvent insensées (sans explication, sans qu'on nous montre les conséquences directes, sans qu'on en "parle")

Il y a quelque chose de grotesque et d'absurde dans les actes et les comportements de tous les personnages, dans la répétition d'un quotidien vidé de sens... Il y a quelque chose de Tati dans la mise en scène des corps, une espèce de chorégraphie ou de clownerie dans la façon qu'ont les personnages de bouger, d'agir. C'est cette absurdité-là qui fait sourire, qui rend le film "respirable". Souvent on glousse, malgré le contexte, le fonds du film.

Il y a beaucoup de plans fixes, très composés - un genre de photographie où les corps évoluent (ou pas, parfois c'est juste un regard qui bouge dans un visage peu expressif).
Le personnage d'Elia Suleiman ne parle pas, jamais. Très souvent, il reste planté là, et il regarde. Ce n'est pas vraiment de Suleiman que parle le film mais ce qu'il a vu.

Il y a peu de passion ou de sens exprimé, dans ce film, mais ça bouleverse. Sûr.

(bon, il faut que je reconnaisse quand même, il y a quelques longueurs, mais pas beaucoup, et puis ça passe bien)
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oll
Admin
oll



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MessageSujet: Re: le temps qu'il reste   le temps qu'il reste EmptyJeu 20 Aoû - 0:40

C'est vrai que c'est un peu long. Faudrait pas que ça dure plus longtemps.

Moi ce qui m'a impressionné, c'est la manière dont le film arrive à parler du conflit. C'est un sujet particulièrement difficile à aborder tellement il dure depuis longtemps, tellement il mobilise les consciences. Le seul fait de l'évoquer suscite des critiques de partialité, jusqu'à venir de l'un comme de l'autre camp si l'on choisit la plus stricte neutralité. Ici le film est bien entendu vu du côté arabe, mais il ne dénonce pas de la même manière, puisqu'il fait le choix de montrer l'absurdité. Le message ne passe pas par un pathos surrexploité, on ne met pas en scène l'horreur pour enseigner à quel point c'est horrible. On passe vraiment de l'autre côté du miroir, dans un monde où la violence n'est pas horrible parce qu'elle est violente, mais parce qu'elle n'a pas de sens, parce que rien ne rime plus à rien. Ainsi, difficile d'accuser Elia Suleiman de propagandisme. Le plus remarquable est que tout cela arrive à nous soutirer non seulement des sourires, mais aussi des rires francs. Absurde ce tank qui tient en joue à 1 mètre un arabe qui fait les 100 pas en téléphonant, suivant le moindre de ses mouvements en grinçant, et pourtant pas moins symbolique. Mais absurde aussi ce vieux qui exprime sa colère contre les Israéliens et son écoeurement en s'aspergeant d'essence, mouillant ainsi à chaque fois les allumettes qui devaient lui permettre d'accomplir son acte. Et tout aussi symbolique.

Tu dis qu'il y a peu de sens exprimé ? Je trouve que la moindre image a un sens, le moindre élément participe à l'émotion générale, à cette sensation de non-sens généralisé qui n'a qu'une constante : produire de la souffrance. Ainsi du cadrage qui, presque systématiquement, enferme les personnages dans le cadre intérieur d'une fenêtre ou d'un mur, comme ils sont enfermés dans cette folie. Rien n'est superflu, c'est pourquoi il y a si peu de paroles, d'ailleurs. Une folie dont le réalisateur, personnage principal de la dernière partie, est le témoin muet et désabusé.

Et pour Tati, je suis d'accord à 100%, je me suis dit ça pendant tout le film. Même rareté des dialogues, même esthétique dans le cadrage, même goût de la chorégraphie dans les déplacements des personnages, les va-et-vient et les déplacements de groupe, et bien sûr même effet d'absurdité... Il fait clairement partie des inspirations d'Elia Suleiman, aucun doute possible !
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poussin

poussin



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MessageSujet: Re: le temps qu'il reste   le temps qu'il reste EmptyJeu 20 Aoû - 10:58

oll a écrit:
Tu dis qu'il y a peu de sens exprimé ? Je trouve que la moindre image a un sens, le moindre élément participe à l'émotion générale, à cette sensation de non-sens généralisé
oui, alors là tu chipotes. entre dire, "il n'y a pas de sens exprimé", et "ça participe à la sensation de non-sens", pour moi l'idée est la même.
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MessageSujet: Re: le temps qu'il reste   le temps qu'il reste Empty

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