Hier, je suis allé voir The Reader. D'abord, j'avais très envie de le voir parce que j'apprécie tout particulièrement les acteurs, Kate Winslet (qui n'a pas fait que Titanic, son personnage dans Eternal sunshine of the spotless mind est admirable) et Ralph Fiennes (mafieux irlandais et colérique dans Bons baisers de Bruges, dealer complètement perdu dans un amour passé et très attachant dans Strange Days). Et puis j'avais entendu dire que le livre dont cette histoire est tirée (traduit en français sous le titre Le liseur) était passionnant. Que de bonnes raisons, me direz-vous, que ne m'y suis-je pas rué plus tôt ?
L'histoire raconte la relation d'un adolescent avec une femme du double de son âge après la seconde guerre mondiale. Ils se perdent de vue et l'adolescent, alors étudiant en droit, la découvre quelques années plus tard sur le banc des accusés d'un procès contre les nazis.
En deux mots : une belle histoire qui rappelle que la vie, ben c'est pas tout blanc ou tout noir. Il est touchant, cet homme qui a perdu ses repères il y a bien longtemps et qui, déchiré entre ses sentiments et sa conscience, est surtout devenu un avocat dont le sens de la justice a été ébranlé. Il est plus facile de juger avec justesse des braqueurs de banque que des gens qui, par milliers, ont participé à un génocide à leur modeste niveau. Le film est un petit peu dérangeant au final parce qu'on n'est pas confronté à un monstre sanguinaire et froid, mais à une femme dont l'humaine faiblesse l'a poussée à commettre des actes atroces. Le film ne se limite pas au thème basique "Ach, mein Gott, quel malheur, j'ai aimé et j'aime toujours une SS et je ne le savais même pas"... Au-delà, il y a l'acceptation, la question d'un éventuel pardon, la mise en question de la justice rendue. Magistralement interprété, les personnages sont d'une profondeur authentique, ainsi que mis en images, j'ai passé un très bon moment. Emouvant, même, oserais-je.