Petit Déjeuner Orageux un Soir de Carnaval

Le festival de Bellac étant fini, je viens vous présenter le spectacle qui m'a le plus plu parmi les huit soirées.
"Petit Déjeuner Orageux un Soir de Carnaval", écrit, mis en scène et joué par Hervé Piron et Eno Krojanker, deux jeunes comédiens belges extrêmement talentueux.
Ce spectacle est irracontable (je sais pas si c'est français ça), donc tout d'abord une petite présentation issue du blog d'Eno et Hervé :

Citation :

C'est l'histoire de deux amis dont les liens vont être mis à rude épreuve durant une heure.
Ce spectacle, parabole sur l'amitié et la fonction sociale du comédien, se joue des codes du théâtre contemporain. Les deux interprètes s'évertuent à inventer les stratagèmes les plus alambiqués pour nous mener en bateau et, grâce à un humour féroce, nous prendre à revers.
De Don Quichotte à La Mouette, de John Zorn à Serge Lama, du théâtre masqué au mime et de l'absurde au pathos, ce gigantesque saut du coq à l'âne s'attache à évoquer la question de la fraternité. Et l'on finit par se demander si, au bout du compte, il y a bien deux comédiens face à nous ou bien s'il s'agit des deux facettes d'un même personnage schizophrénique.

Citation :

Nous sommes complices depuis de nombreuses années, ayant partagé de nombreuses expériences professionnelles et humaines, nous nous permettons d’aborder un terrain qui peut être miné. C’est celui de la limite entre la réalité et la fiction qui nous permet de prêter à nos personnages des défauts que nous connaissons bien (les nôtres) et en poussant un peu ceux-ci, d’aborder par la fiction une question dérangeante qui nous taraude : où est mon extrémisme, quand puis-je devenir moi aussi (moi, Hervé ou Eno, acteur, dans la trentaine) inhumain ?
Il est en effet capital pour nous que l’artiste ne donne pas de leçon au public, mais qu’il témoigne davantage en fouillant et poétisant sa propre expérience.
Travailler sur des tonalités sombres et inquiétantes ne nous mène pas vers le pathos ou le glauque, mais plutôt vers l’absurde, le surréalisme et l’humour, en montrant le côté grotesque de nos comportements. Comme le clown, nous tentons de prendre en charge la violence du monde, de l’attirer sur nous et de la retourner par le rire au dernier moment

ça semble étrange. Et bien ça l'est. Du début à la fin, on ne sait pas où on va. En plus de tatônner dans la construction de leur spectacle (ça semble improvisé mais ça ne l'est pas du tout), ils impliquent le public dans leurs recherches et leurs interrogations. On passe de moments hilarants à des moments dérangeants, et jusqu'au bout on est bien incapable de comprendre ce qui se passe devant nos yeux.
Je sais que le public a été assez divisé sur cette performance. Certains n'ont pas du tout apprécié de ne pas pouvoir rester bien à l'abri dans leur rôle de spectateurs passifs.
Moi, ça m'a chamboulée, ça m'a tenue en haleine, et ça m'a apporté ce que j'attends de tout spectacle : une émotion, forte, indéfinissable, mais qui me fait dire que j'étais à ma place ce soir là.
Pour en savoir plus sur ce spectacle : http://enoherve.blogspot.com/ (et en plus, ils sont beaux comme des dieux, ce qui ne gâche rien)

Ce sont les spectacles qui dérangent qui sont les meilleurs !
Ca a l'air super. On ne le dira jamais assez : ils ne lésinent pas sur la qualité dans ce festival.

ça a l'air génial ! j'aime ce concept "faux bordel".