Richard III

Ben alors ? c'est moi qui m'y colle ?
Alors zag !

Quoi ça où ça ? Richard III par la compagnie l'Unijambiste, a joué sa première le 27 juin au théâtre du Cloître à Bellac pour l'ouverture du festival (au passage, allez-y, ce festival est vraiment super : tant au niveau des spectacles que du public complètement hétéroclite)

Je vais faire la flemme, e je recopie quelques phrases de la présentation de la pièce :
"Richard III est une pièce sur le Chaos. La pièce qui dérange. Ne cherchez pas l'humain, il n'y en a pas"
" Richard III est un homme contre nature, qui apporte et incarne le désordre. Le pouvoir absolu sans aucune compassion".

Concrêtement, il y a trois Richards sur scène : un guitariste, un rappeur, un comédien. Les trois sont absolument incroyables, et le mélange est particulièrement réussi. La musique donne une profondeur et une certaine puissance au texte, qu'il soit joué ou slamé, le texte est superbe (traduit par Markowitz, c'est important).
Derrière ces trois-là, il y a un écran, où apparaissent les autes personnages de la pièce, filmés. L'image est travaillée (tout en noir avec des grands traits blancs), ça donne une impression de BD ou de dessin animé... C'est une sacrée performance pour l'acteur sur scène qui doit interagir avec le film, et ça passe très bien, très bien.

Ca faisait très longtemps que je n'avais pas été autant marquée, touchée, remuée par une pièce (sans doute depuis "Gènes O1", mais là c'était différent). Il y a à la fois une débauche de moyens techniques différents : musique, lumière, vidéo, Wii... et un jeu hyper esquissé, hyper concentré. Très fort.

C'est clair et concis. Moi j'ai juste envie de rajouter "oh oui, tout à fait d'accord avec toi, et même encore plus".

Bien d'accord. Les mises en scène résolument modernes sont souvent très critiquables : parti-pris de principe, manque de cohérence, vulgarité, parfois... Et finissent par toutes se ressembler, oubliant le texte qu'elles sont sensées faire vivre. Chez l'Unijambiste aussi, on clame cette modernité : musique électro jouée très fort, multiplication des écrans et des effets visuels, décor et costumes neutres, abondance des lumières... Sauf qu'on y retrouve toujours le texte original. On vient voir du Shakespeare, et, bon dieu, on a du Shakespeare. Toute la tragédie de cette histoire, l'absurdité de cette violence sont portés par le jeu (excellent) du comédien et par la beauté du texte, mais c'est l'ensemble de la mise en scène qui scotche le public à son fauteuil et lui donne autant de puissance. Je ne dis pas que tous les choix collent parfaitement, j'ai un peu de mal avec certaines choses (comme le côté jeu vidéo). Mais l'ensemble est, effectivement, très fort.

Pour ceux qui n'ont pas vu le spectacle, infos et prochaines dates ici.

Merci à Oll de signaler le lien, je crois en effet que l'essence même du travail de l'Unijambiste repose sur leur point de vue de la pièce. David Gauchard, metteur en scène, rend compte de la quête artistique de la compagnie, un travail de longue haleine, dans le making off de Richard III, que je vous invite à consulter.

A mon sens, ce travail correspond à l'esthétique proposée à travers Hamlet (que vous pouvez visionner intégralement sur le même site) : pour résumer (et avec mon pauvre vocabulaire), le sens du texte ou même le scénario, on s'en balance, seule compte l'émotion provoquée par une savante alchimie entre le texte (certes), la mise en scène, l'image. Un langage qui s'adresse notre corps et non à notre cerveau. Le spectateur s'en prend plein les yeux qui relayent directement aux tripes.

Le travail du corps, son langage, est donc pri-mor-dial, il suffit de comparer le comédien qui joue Richard III (qu'on aperçoit dans la making off) et le personnage : métamorphosé. C'est pour moi la révélation même d'un grand théâtre ! Que dis-je, du théâtre lui-même !
La question du point de vue est liée : au diable la représentation fidèle de 4h30 d'Hamlet par Claire Lasne Darcueil, c'est le choix de représenter ou non certaines scènes qui importe. Pour Richard III, comme l'a dit Poussin, Le choix s'est porté sur le personnage principal qui concentre à lui seul le Mal.

Pardon pour le style, mais il est vrai que je ne suis plus du tout familière de l'écrit personnel...!

Euuh, ben voila. Rien a ajouter !